Les ombres - Chibanis

yhautbois

Les ombres - Chibanis

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  • yhautbois

    Depuis un peu plus de quinze ans, j’habite Saint-Cyr-L’Ecole. Depuis quinze ans, chaque jour ou presque, jusqu’à la pandémie, je les croisais à proximité de la gare, au café du coin devant une tasse ou une grille de tiercé à valider, le nez levé vers les écrans retransmettant les courses et portant leurs espoirs d’une vie, si ce n’est meilleure, au moins différente. Pendant longtemps, j’ai souri pudiquement à ceux qu’on appelle les Chibanis dont j’apprécie la courtoisie, la discrétion et l’élégance, dans leurs complets en laine un peu vieillots, souvent avec une casquette ou un chapeau. Les Chibanis, « les anciens », sont des immigrés de la toute première génération, arrivée en France pour participer à la reconstruction du pays après la Seconde guerre mondiale et, aussi, y faire fortune. Et toujours avec l’idée de revenir un jour « au bled ». On est en 2021, ils sont toujours là, invisibles aux yeux de la plupart (« Les Chiba qui ? »), dans d’anciens foyers Sonacotra, miteux et sales, loin de l’eldorado dont ils avaient rêvé. Pourquoi ne rentrent-ils pas dans leur pays d’origine ? La honte, déjà, de ne pas être parvenus à mieux subvenir aux besoins de la famille restée au pays. Parce qu’ils souffrent de nombreux problèmes de santé qu’ils soignent en France. Parce qu’ils jouissent, aussi, d’une certaine liberté, malgré tout, vis-à-vis de la religion et ils s’en amusent. Un jour, en novembre 2020, j’ai franchi le pas, je me suis rendu dans leur résidence Adoma, au 3 rue Francisco Ferrer. Je m’y suis pris comme un manche, en accrochant une affiche sur un mur d’information, vite arrachée. Puis en diffusant dans leur boîte aux lettres un message expliquant ma démarche photographique. Nouveau bide. Jusqu’au jour où, je me suis vraiment lancé et me suis présenté directement à eux. Je les revois sur leurs chaises, au soleil, me dévisageant, m’écoutant un peu moqueurs puis, l’un, Djaballah a dit oui pour être photographié. Amezienne aussi. Je leur ai offert un tirage : Ali, Miloud, Gas ont été « jaloux » et ont voulu le leur. Depuis, je rentre dans leurs appartements, ils me racontent leur vie, leurs histoires.

 

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