silence noir
SILENCE NOIR ---------------------- Des fragments de rouges, des morceaux de chair, des bouts de vie, des parcelles de corps. À travers la fenêtre du corps mis à nu, anonyme, féminin, je vois l’intérieur chaud de mes organes. Durant la nuit, des morceaux s’échappent. a n o m a l i e (s) qui me triture(nt) doucement l’enveloppe. La fleur rose, parfois meurtrie, de mes seins me terrifie, me glace, m’immobilise. Racine noire. Silence noir. Le vide se diffuse dans mon corps. Il fait nuit dedans, il fait opaque, la fleur se cristallise. Les fragments de rouges = la viande / s’évadent et recouvrent la peau. Je suis l’enveloppe déboutonnée de l’intérieur. En dégrafant les boutons serrés le plus possible de la poitrine, ils s’aperçoivent des multiples couches qui la couvre. Momie des temps contemporains. Femme du printemps éternel, bourgeonnant comme un rhizome envahissant la matière granuleuse de mon corps. Mes visions erronées par une maladie qui n’existe peut-être pas. La nudité, le sang, les menstruations, la douleur, la poésie, la nature, le silence de la photographie. Des thèmes qui m’ont animé pour ma proposition sur l’anomalie. À travers une démarche autour du féminin, de la nature minérale et végétale à la fois, j’ai voulu donner à voir ce qu’on ne voit pas, ce qui est caché par une fine couche épidermique. vulnérable et mortelle J’ai souhaité évoquer de manière poétique, symbolique l’anomalie en utilisant la photographie, qui, parfois prend des allures picturales. Un corps féminin sans vie, stérile, sans nombril. Cordon coupé. Organe irrigué ou non. Blanc comme les coraux arrachés à leur habitat naturel. Coloré lorsqu’ils vivent. Non sans rappeler «!L’écume des jours!» de Boris Vian, l’anomalie florale se propage à l’intérieur du corps féminin rendu anonyme. Comme la métaphore du nénuphar dans l’oeuvre de l’écrivain, mes images sont empreintes de «!bipolarité, tantôt séduisantes quand on regarde en surface, tantôt plus sombre quand on tombe dans les profondeurs.!»* *Stéphanie Genand