Une fillette de la communauté amérindienne Guarani Mbya cueille des fleurs sur le bord de la route lors d'une "marche pour la vie" au Pic de Jaraguá, à São Paulo, au Brésil. Les indiens du Brésil sont menacés par un projet de loi appelé "marco temporal" qui prévoit de limiter l'accès à leur territoire ancestral. Selon cette thèse, les indiens devront prouver qu'ils occupaient les terres avant 1988, date de la promulgation de la constitution brésilienne. La chambre des députés ayant déjà voté la loi avec une large majorité, le texte sera présenté au Tribunal suprême fédéral, l'équivalent du Conseil Constitutionnel. Lors des manifestations, ce sont les enfants des communautés guaranis qui se trouvent devant les cortèges, car ils représentent le futur, à la recherche de la Terre Sans Mal. Ce jour-là, tous les enfants portaient des masques pour se protéger des gaz lacrymogènes, la Police Militaire ayant réprimé une manifestation quelques jours plus tôt ; la communauté avait bloqué une autoroute qui longe le territoire indien. Songeant à la raison pour laquelle cette photographie m’inspire espoir, des souvenirs de mon enfance se sont invités, troublant ma réflexion avec une vive émotion ; mes frères et moi cherchant les reines-des-prés ; mon père les cueillant pour les offrir aux êtres chères ; ma mère prenant une photographie qui immortalisera la scène. Dans cet océan verdoyant, la fillette apparaît tel un joyau au milieu de son écrin végétal, à l’ombre des arbres qui dessinent de petites vagues. Croyez-vous qu’elle ait apprivoisé les fleurs ? Est-ce un cœur, là, au milieu ? Le petit être tient dans une main l’amour, le beau, le don, et de l’autre, un masque de protection, rappelant qu’il faut aussi du courage et de l’espoir pour protéger sa communauté, et par extension, son territoire, la Terre.