DES MILLIONS DE SOLITUDES
Mes voyages ne sont qu’un prétexte; un prétexte pour chercher les envers subjectifs d’un décor qui voudrait s’imposer d’emblée à mon regard. Ainsi, je déambule dans quelques villes chinoises; un environnement urbain qui tend à côtoyer des flots d’individus pressés. Et pourtant, sans l’avoir prémédité, la foule s’efface pour ne laisser apparaître que des êtres seuls. Dans l’euphorie de la découverte d’un territoire, d’une multitude de cultures et de traditions, mon regard se focalise sur la solitude de ces « autres », qui faute de n’être que la leur devient à revers la solitude de celle qui l’observe. Je m’interroge sur ma mélancolie, cette mélancolie qui colle à l’âme, où que l’on soit, comme du goudron chaud sous une semelle trop neuve. Mon regard candide sur une destination fantasmée révèle alors ma propension à m’interroger, comme à chaque fois, sur l’espèce Humaine à laquelle j’appartiens, les animaux que l’on néglige monstrueusement jusqu’à la mort , et sur le vide intérieur auquel chacun est confronté où que l’on soit. Mes voyages ne sont qu’un prétexte, un prétexte pour essayer d’accepter ce que nous sommes, ce que je suis.