Les 18 hectares du marché de Dantokpa, au Bénin, en font l’un des plus grands d’Afrique de l’ouest. Il continue de s’agrandir, en témoignent ces collines de déchets, extensions non-naturelles du territoire, où l’on pourra à terme y construire de nouvelles échoppes. Dans la partie «fripes» du marché, autrement appelée «Missebo», on trouve toutes sortes de vêtements de seconde main venus d’Europe. Les associations caritatives occidentales expédient un tiers de leurs marchandises sur le continent Africain. L’impact environnemental de ce business semble évident. Des collines sont crées de toutes pièces à partir des rebuts de stocks, les fonds de la lagune sont presque totalement recouverts de sacs de vêtements, les incinérations sauvages et toxiques empoisonnent les commerçants, et les monticules de ce rivage-dépotoir servent de toilettes publiques à la population, mettant en danger leur santé. Certes, la fripe est pourvoyeuse de nombreux emplois informels mais surtout précaires. L’existence même de ce secteur ralentit, voire empêche le développement des industries textiles locales et des marques de vêtements Béninoises. Enfin, pour citer Idriss Linge : «le vêtement de seconde main connecte l’Afrique au mode de vie occidental et ne lui donne pas l’occasion de l’atteindre. La dépendance reste au centre de la relation entre les deux blocs, avec à la clé un déséquilibre très profond sur les termes de l’échange.» Une gestion moins complaisante et plus innovante de la part du gouvernement permettrait de diminuer le désarroi des populations et d’inverser la courbe de l’incivisme. Pour l’écologie et pour l’égalité, l’Europe, elle, devrait se délester des «bonnes intentions» contre-productives et cesser de considérer l’Afrique comme sa poubelle.