Depuis longtemps, j’avais le souhait de travailler autour du flou. Non par soucis d’esthétique, bien au contraire, car le flou est souvent considéré comme le frère raté de la netteté, de la précision. Cette précision même, qui permet de juger qu'une photo est fixée naturellement par une beauté déjà en place. Le flou lui, trop méprisé, fruit d’un accident, à l'apparence bâtarde, a cet atout, lorsque on prend le temps de l’observer, de découvrir un aspect plus intime du sujet qu’on regarde. Un recoin secret, comme un tremblement de la personne que je figerai sur mon capteur. Alors, si les traits du modèle ne sont pas facilement discernables, faut il plonger plus en dedans, comme en apnée et y trouver un cailloux précieux non visible à la surface de la netteté ? J’ai donc accepté la carte blanche de @zoedesbouis et @roxaneturgon à l’occasion du @bodyprojectfr de ce 20 avril à paris. "L’acceptation du corps" cette thématique pour fil rouge, draine tout au long de ce samedi ensoleillé une foule de visiteuses (rs). Dont la plupart ont l’espoir d'y trouver une réponse à leurs maux qui font de leurs vies un nuage gris au dessus de leurs têtes. Je me suis donc installé avec mon Barnum en proposant un studio de fortune. J’ai photographié à travers une Feuille de calque que j'avais patiné. Les premiers visiteurs étaient des visiteuses. Les séances photos s’enchaînaient bien. La journée défilait au rythme des flashs qui claquaient sous mon chapiteau noir. Le body day 2 touchait déjà à son terme lorsque entre une jeune femme. « Je peux ? » demande t’elle. Quelques secondes plus loin je lui montre le rendu. Lequel présente une image d’une douce beauté au regard expressif. Son visage est radieux, elle est émue et éclate en sanglots.