N'étions-nous pas épris de l'éternelle danse ? Dans un recoin du salon, le sucre collé des napperons blancs, en miroir à nos regards volubiles, inconstants, attirait les mouches dévorantes. Malgré leur murmuration et les giboulées d'automne, nos corps entrelacés en un séquoia millénaire, suintaient une sève d'une brûlante inconséquence. Irrésistiblement, en étalon sans mors ni remords, nos spasmes imprévisibles nous étourdissaient et nous devenions un kaléidoscope distrait. Nos tâches brunes et nos rides tournoyaient sous nos éclats de rires, aussi granuleux que la mouvance du disque vinyle du temps qui passe, du temps qui commet impunément son forfait. Les jointures de nos membres défaillantes, nos apophyses douloureuses auraient pu être resoudées du miel récolté des combats, seulement, la cadence imposait que nos souffles meurent en mendiantes mélancolies. Il était une dernière brise glacée, qui laissa place au silence psychopompe insufflant à nous mouvoir une dernière fois ensemble, tel le serpent qui mue dans l'entre-sein de l'azur et de l'émeraude. Tu me répétais souvent que nous étions doués à nous laisser des traînées d'oubli que nous consommions comme des bouts de barbe à papa roses perdus, en bon cru, Et tu le sais, je t'ai toujours cru. Alors assurément, à l'appel doucereux de l'infinie ritournelle nous liant d'un pacte sourd, nous nous sommes provoqués à aimer cette danse immortelle, Qui n'en aura jamais fini des pas chassés, de nos retrouvailles abîmées et précoces.