Depuis le Festival Portrait(s) de Vichy qui débutait en juin jusqu’au festival des Rencontres d’Arles ouvert depuis Juillet, l’été est une période propice à la découverte photographique. Des semaines durant, j’en ai pris plein les yeux (du bon et du moins bon d’ailleurs) à un rythme tel que j’étais incapable de repenser à tout ce que j’avais pu voir… Ce n’est qu’une fois sur sa serviette de plage – lorsqu’on prend enfin le temps de fermer les yeux – que la fameuse question émerge spontanément : « Qu’ai-je donc retenu de toutes ces expositions ? ».
Au-delà de la création artistique, au-delà des images, des expositions, des livres, ce sont surtout les rencontres avec les photographes qui me restent en tête parce qu’elles m’ont fait un bien fou. J’ai donc choisi de vous présenter les trois personnes qui m’ont le plus marqué et d’en ajouter une, que j’espère rencontrer très bientôt !
Nicola Lo Calzo, Le sensible implacable.
J’ai rencontré Nicola lors du Festival Portrait(s) qui débute en juin à Vichy (vous pouvez encore vous y rendre jusqu’au 02 septembre). Nicola expose un travail sur les communautés africaines de Cuba, descendantes d’anciens esclaves. Au moment où le tourisme explose à Cuba, Nicola nous fait découvrir les cubains de l’ombre. Le projet « Regla », réalisé à Cuba entre 2015 et 2016, questionne l’exercice de la liberté dans la Cuba contemporaine.
La sensibilité de Nicola, son ouverture, le sérieux avec lequel il compose et la simplicité avec laquelle il partage son travail m’ont séduit. Je vous invite à découvrir ses autres séries qui vous feront voyager en Guyane, en Afrique ou encore en Louisiane. Nicola figure parmi les lauréats du Prix Maison Blanche 2016 de la photographie contemporaine.
Sandra Rocha, L’énergie enracinée.
Sandra Rocha est originaire des Açores et vit à Paris. Pour réaliser « Anticyclone », Sandra est retournée à Terceira sur l’archipel où elle a vécu jusqu’à l’âge de 20 ans. Elle dessine cette île lointaine, à 1500 KM de Lisbonne, en photographiant les membres de sa famille. Il faut préciser que l’artiste prend soin de préserver ses proches en les mettant en scène de façon méconnaissable.
Cette découverte aux airs marins m’a transportée. Le climat des Açores est si puissant qu’il semble influencer profondément cette population d’insulaires. Si Sandra vit à Paris depuis une vingtaine d’années, elle a su garder son identité. En quelques instants, elle sait faire naître une envie de découvrir ses îles. Sa personnalité colorée, débordante d’énergie et de bonne humeur est un vrai délice.
Pauline Rousseau: La courageuse déterminée.
Pauline fait partie de la sélection 2016 d’Olympus pour leurs « Conversations Photographiques » qui font se rencontrer trois jeunes artistes et trois photographes confirmés. Elle s’est ainsi retrouvée à former un binôme avec Olivier Culmann, auteur de la série « The others ».
« Et si je ne l’avais pas plaqué ? Et si nous étions encore ensemble ? » C’est à cette question que répond Pauline en se mettant en scène avec ses « ex » dans une représentation de ce qu’aurait pu être leur couple s’ils ne s’étaient pas quittés. Il aura fallu du courage à cette jeune photographe pour contacter tous ceux qui ont partagé sa vie pendant un moment pour les convaincre de poser, parfois entourés de leur famille : « Salut, tu te souviens de moi ? » …
De ma rencontre avec Pauline, c’est ce que je retiens : son courage, sa détermination. Son travail ne répond pas aux standards auxquels nous habitue l’ENSP, dont elle vient d’être diplômée. Mais qu’à cela ne tienne, l’artiste a défendu son projet et il en ressort une exposition forte et qui nous parle à tous. Courageuse, pétillante et passionnante. Elle a tout pour réussir.
>>> L’article sur les Conversations Photographiques Olympus
Nader Adem, Ma prochaine rencontre ?
Parmi toutes les découvertes du festival des Rencontres d’Arles, un accrochage m’a donné envie – plus que tout autre – de rencontrer un artiste. Il s’agit du photographe Nasser Adem qui présentait « La Vie d’une personne handicapée ». Cet artiste a travaillé les portraits de dix éthiopiens – habitants d’Addis-Abeba – ayant des handicaps physiques. Ses images ont su révéler la détermination sans faille des protagonistes de la série pour surmonter leurs handicaps, tout en affrontant le regard de la société. Nader est né en 1984 en Arabie Saoudite, il vit et travaille à Addis-Abeba. Je vais peut-être aller y faire un tour…
Je vous invite chaudement à découvrir ces personnalités fortes et enthousiasmantes à travers leurs expositions ou leurs sites internet. Et si vous avez la chance de les croiser, n’hésitez pas à aller vers eux !
Maintenant c’est À VOUS DE VOIR.
Jonathan Lang