Grégoire Korganow a commencé la série « Pères – Fils » en 2009. Lorsqu’on parcourt les portraits de ces binômes, on ne peut s’empêcher de comparer leurs visages et d’apprécier leur intimité.
« Je photographie des pères, de 20 à 80 ans, debout, torse nu, avec leur fils de quelques minutes pour les plus jeunes ou entrés dans la cinquantaine pour les plus âgés. Ils sont proches, souvent peau contre peau ».
Au nom du père, du fils et de bien autre chose …
On a souvent l’habitude de voir des photographies des nouveaux-nés avec leur mère, des enfants autour de leurs parents ou sur les genoux de leur père. Mais avec cette série on entre dans une autre dimension, plus profonde, plus forte. Ma première rencontre avec Grégoire date de 2013. À l’époque, le photographe explorait un nouveau volet de cette série, à la maternité du CHU de Rouen. J’ai très vite compris que c’est que ce travail allait bien au-delà du simple portrait.
Le travail de Grégoire ne repose pas sur un quelconque opportunisme photographique. Grégoire s’investit, questionne, apprend à connaître ses sujets. Cette démarche produit des images fortes. Lorsque les portraits sont affichés dans les couloirs de la maternité, les réactions sont variées. Au début, certaines personnes sont gênées face à ces hommes, torse nu tenant contre eux ces nouveaux nés, peau contre peau. On n’a pas l’habitude de mettre en lumière cette paternité.
Des pères du monde entier
Grégoire poursuivra son travail au Brésil puis en Chine. Un même dispositif artistique pour mettre en scène des populations différentes, d’âges différents, d’origines sociales diverses. La Galerie du Passage expose aujourd’hui une sélection de ces portraits. On passe d’une image à un autre en scrutant les ressemblances, parfois évidentes, parfois invisibles. En revanche, l’émotion est partout présente à travers les regards échangés entre ces tendres duos.
Les protagonistes se tiennent l’un contre l’autre, se regardent, se sourient, les yeux fermés ou ouverts, jeunes et moins jeunes. La prise de vue apparaît alors comme un instant offert au père et au fils. Ils se retrouvent, ils s’autorisent (enfin ?) à s’aimer au grand jour. Ce bonheur simple, partagé, s’affiche avec une certaine fierté.
Grégoire a cette passion de l’humain et c’est sans doute le secret de ces photographies sans artifice. De la France à la Chine en passant par le Brésil, on a maintenant très envie que ce projet s’envole vers l’Afrique, à suivre…
Maintenant c’est à vous de voir !
Jonathan Lang
* Galerie du Passage, 20-26 Galerie Véro-Dodat, 75001 Paris
* Je vous conseille vivement l’ouvrage « PRISON 67065 » de Grégoire Korganow
* Une plongée dans l’univers carcéral, des images implacables.
* Prochainement AVOUSDEVOIR sera à Vichy pour le festival Portrait(s).