Instagram poursuit son développement et les candidats à l’élection présidentielle française ne sont pas passés à côté du phénomène. Créer de « l’intime », se rapprocher des citoyens, offrir un accès aux coulisses… Derrière ces objectifs sympathiques se cacherait en fait une seule vraie motivation, transformer des followers en électeurs.
Parmi les personnalités politiques les plus suivies on compte Barak Obama et ses 13,7 M de followers. Je pose ça là afin de relativiser les chiffres (et l’impact) de nos petits candidats français.
J’ai eu envie d’observer les comptes Instagram des principaux candidats qui possèdent un compte officiel. Que veulent-ils nous dire à travers leurs publications ? Quel personnage veulent-ils nous vendre ?
La première chose qu’il faut dire c’est que les candidats ont évidemment des équipes digitales qui alimentent les comptes de leur champion respectif. Ceci donne un côté pré-fabriqué aux publications qui se veulent « intimes » ou « prises sur le vif » car évidemment celles-ci sont scénarisées. On a donc bien rit avec Marine à la plage en mode « je n’ai pas vu les cameramen dans mon dos » ou François qui se promène dans les vignes (oui car vous aussi vous vous promenez dans les champs en costard cravate).
Quand on parcourt votre flux Insta, on va peut-être y trouver des portraits. De magnifiques clichés pris par votre pote où vous vous retrouvez surexposé, rouge et souvent flou. Oui mais vous n’êtes pas un candidat. Le présidentiable, lui, poste des « portraits ». Des portraits qui tenteront de lui donner une stature, un certain prestige, un charisme.
#FAIL
On a pu noter au cours de cette campagne, que de nombreux prétendants à la fonction suprême se positionnent en candidats « anti-système » ou « anti-média ». Ils revendiquent alors l’utilisation d’Internet comme un moyen de faire passer leur message sans filtre journalistique. C’est ainsi que Trump entend lutter contre ce qu’il appelle les « Fake News » via ses innombrables tweets. C’est peut-être une des raisons de la colonisation d’Instagram (entre autres) par les politiques. Chacun sait qu’une bonne image vaut mieux qu’un long discours.
J’imagine aisément le community manager du candidat se presser dans son bureau pour lui dire qu’il faut poster des photos qui cassent les codes. On a donc régulièrement droit à des dérapages visuels. Tout aussi artificiels que les autres, ces posts sont souvent source de ridicule ou au minimum, de gêne.
#MESAMISPUISSANTS
Tout comme Twitter, Instagram n’intègre pas la notion d’amis. Les personnes suivies le sont avant tout par intérêt ou curiosité, moins par amitié. Ceci étant, les candidats essayent à travers leurs publications de montrer à leurs followers qu’ils ont des amis puissants et que, de fait, ils ont une stature internationale.
#ACHETEMONPROGRAMME
Une campagne c’est avant tout (normalement) des programmes et des idées. Les candidats via leurs comptes respectifs tentent donc de mettre en avant leurs idées. On utilise donc Instagram pour diffuser des messages simples, sorte de tracts digitaux.
Les publications des candidats empruntent ici les codes de la communication marketing. Et c’est là où le bât blesse. On aurait pu espérer que ces publications tiennent leurs promesses et nous livrent de vrais moments d’intimité, des clichés permettant à tous de découvrir le candidat tel qu’on ne le voit pas dans les médias traditionnels. Au lieu de cela, on nous sert de la soupe commerciale.
Parce qu’une campagne présidentielle, même en 2017 c’est aussi des millions de tracts distribués et des milliers d’affiches collées, nous pourrions également poursuivre notre réflexion par une analyse des affiches, puis un peu plus tard de la photographie officielle du nouveau président…
Mais ça c’est À VOUS DE VOIR.
NB :
Barak Obama | 13,7 M
Donald J. Trump | 6,2 M
François Fillon | 11,6 K
Emmanuel Macron | 20,3 K
Benoit Hamon | 7,6 K
Jean-Luc Mélenchon | 21,9 K
Marine Le Pen | 46,5 K
