Jusqu’au 23 septembre, Wipplay s’allie à l’Institut National des Métiers d’art, l’EPV, le Réseau des Grands Sites de France et The Frenchip pour vous proposer le concours L’ART EST LA MATIÈRE, invitation à photographier la matière entre les mains des artisans d’art.
En guise d’inspiration, nous avons rencontré de 2 artisans d’art : Marie-Christine Marovelli et Cédric Pillard. La première est Corse, le second vit en Guadeloupe. 7200 km les séparent, une passion les rapproche : l’art du bijou. Ils nous racontent leurs métiers et leurs inspirations.
▶︎ Cédric, artisan d’art en Guadeloupe
▶︎ Marie-Christine, artisan d’art en Corse
1/ Comment pourriez-vous résumer votre passion professionnelle en 5 mots ?
Cédric : « La nature, le bijou, l’île de Guadeloupe, la femme (car c’est un plaisir de voir mes bijoux portés par les femmes) et l’indépendance. »
Marie-Christine : « La fascination, la patience, la persévérance, la maîtrise de la technique , la créativité et l’émotion que je souhaite faire ressentir. »
2/ Est-ce votre première vie professionnelle ou une reconversion ?
Une reconversion !
Cédric : « Après avoir travaillé 7 ans en métropole, j’ai décidé de partir en Guadeloupe, où j’ai découvert le travail du macramé et commencé à créer des bijoux. Puis il y a eu la Martinique où je suis tombé amoureux des graines naturelles des Antilles. Je suis autodidacte à 100%, à force d’observation et de recherches personnelles. »
Une reconversion !
Marie-Christine : « J’ai eu plusieurs vies professionnelles dans le secteur de la technique-physique. J’ai décidé de tout arrêter et de revenir au travail du verre au chalumeau que j’avais appris pendant ma scolarité. Très vite, j’ai suivi des formations auprès de verriers ou des Meilleurs Ouvriers de France. »
3/ Quelle est la matière que vous préférez travailler et pourquoi ?
Les graines naturelles des Antilles
Cédric : « Elles requièrent un travail en amont passionnant : la recherche, la récolte (surtout pour les plus difficiles à trouver) avec des accès souvent difficiles dans la forêt tropicale. J’aime les graines naturelles pour leur rareté, leur beauté et la difficulté à les transformer en perle. Elles sont capricieuses, il faut les récolter à un moment très précis. »
Le verre
Marie-Christine : « Au cours de mon chemin, j’ai croisé le monde de la couture et des designers et, au travers de ces belles rencontres, j’ai découvert que chacun avait son propre ressenti sur le verre. Il y a autant de manières de voir le verre que de verriers. Moi, j’aime son éclat, sa transparence, ses reflets, ses couleurs chatoyantes. Tous ces éléments interviennent. La maîtrise technique me permet d’exprimer pleinement ma sensibilité à cette matière. »
4/ Comment l’environnement où vous vivez peut-il inspirer vos créations ?
La clientèle d’aficionados des Antilles
Cédric : « La clientèle est très friande de ce genre de bijoux aux Antilles, beaucoup plus qu’en métropole. Le bijou en graine fait partie du patrimoine et de la culture. De plus, La Guadeloupe m’inspire car je m’y sens bien et que je m’y suis très bien intégré. »
La douceur de vivre
Marie-Christine : « Je vous ai parlé de patience et de persévérance et je crois qu’ici en Corse, les gens ont ceci en eux. La vie est douce, elle nous apporte le calme, la possibilité de se poser et de regarder la nature. De n’importe quel endroit, vous voyez la mer, le maquis, le ciel, toutes ces couleurs inspirantes, qui portent mon imaginaire. »
5/ Selon-vous, le fait que vous soyez tous les 2 artisans d’art sur une île peut-il développer quelque chose en commun ?
Cédric : « J’imagine que nous travaillons tous les 2 des produits endémiques à nos îles. Par exemple cet artisan travaille peut-être le corail rouge de Corse ? »
Marie-Christine : « Je pense qu’on a le même ressenti, on est à la fois loin et à la fois près des gens. On est loin de la vie tumultueuse, on a un autre rythme que sur le continent et ça peut nous rapprocher car on a la même vision. Peut-être qu’on rencontre aussi les mêmes difficultés pour trouver des points de vente, des lieux d’expo. Ici, les personnes trouvent ce qui est à l’extérieur de l’île plus beau, ils sont très portés sur les marques donc le soutien pour l’artisanat d’art est assez faible. »
6/ Quelle est la création dont vous êtes le/la plus fier(e) ?
Cédric : « Je suis fier de tout ce que je fais, surtout que ça plait beaucoup. Quand je sors en ville et que je croise quelqu’un qui porte mon bijou, c’est toujours une fierté. Je garde en mémoire les bijoux porte-bonheur en macramé qui avaient particulièrement séduit. »
Marie-Christine : « J’étais très attachée à une parure qui s’appelait “Diva”. La première fois que je l’ai exposée, une dame est venue pour l’acheter mais je lui ai finalement dit qu’elle n’était pas à vendre. J’ai mis très longtemps avant de trouver l’assemblage parfait pour ce bijou et je n’étais pas prête à m’en séparer. Finalement, un an plus tard, cette même dame est revenue, elle m’a acheté le bijou et j’étais heureuse de voir mon collier à son cou. »
7/ La question kesako : un mot de votre jargon professionnel à faire deviner à nos lecteurs ?
« Apprêts »
Cédric : « Ce mot a différentes significations selon les disciplines. On peut parler d’apprêt en papeterie, d’apprêt culinaire, d’apprêt en bricolage. Les apprêts en bijouterie n’ont rien à voir avec tout ça. Il s’agit de l’ensemble des accessoires destinés à la création d’un bijou (fermoirs, attaches,…) »
« Shards »
Marie-Christine : « C’est une masse de verre que l’on met au bout d’une pipe de verrier. On peut la décorer, intégrer des feuilles d’argent. On souffle une énorme bulle très fine que l’on casse. Enfin, on vient déposer les pellicules de verre sur une perle en fusion. Cela permet de créer des effets de couleurs et de matières un peu particuliers ! »
Participez au concours photo L’ART EST LA MATIÈRE ouvert jusqu’au 23 septembre !