Jusqu’au 28 juin, vous pouvez participer au concours ENVIRONNEMENT. Les images lauréates seront projetées lors du festival Les Photaumnales. Le photographe Émile Loreaux sera présent au jury. À cette occasion, nous lui avons posé quelques questions.
« Ma conscience citoyenne et écologique, moteur de mes projets photographiques, s’est doublée d’une aspiration plus sourde, devenue progressivement nécessité et langage, celle de faire jouer le corps. D’abord derrière l’appareil photographique, en allant voir les choses, en suivant des parcours, puis devant l’appareil, comme pour signifier au premier degré un engagement viscéral ou intime pour mes sujets, une manière de prendre position. Une manière aussi d’amener du jeu et de l’humour, j’observe parfois le monde plus en philosophe qu’en militant. »
À l’opposé d’une recherche d’objectivité, j’exprime pleinement ma subjectivité, je signe l’image de ma présence, revendiquant le parti-pris. Les commandes photographiques ont suivi l’évolution de mon travail et c’est maintenant au photographe metteur en scène de lui-même que l’on fait appel pour trouver une idée ou jouer avec une situation. »
Émile Loreaux est Membre du studio Hans Lucas, passerelle entre information et création, il collabore régulièrement avec la presse, notamment avec Le Monde. Son reportage « Je suis une tomate » a été primé par La Bourse du Talent en 2005, « Tête de gondole » a été projeté aux Rencontres d’Arles lors de La Nuit de l’Année 2010, « Dérèglements climatiques, prenons les choses en main! » a été exposé en grand format sur les façades de la Région Île-de-France à Paris lors de la COP21.
Quelle est l’histoire de vos photos ?
« L’histoire de mes photographies, c’est un peu l’histoire de mes prises de conscience et des solutions visuelles que j’ai trouvées pour interpeller sur ces sujets. De la surconsommation aux ondes électromagnétiques. »
Pourquoi avez-vous décidé de vous mettre en scène sur vos photos ?
« J’ai commencé à poser l’appareil et rentrer dans le champ, de manière intuitive, dans des hypermarchés, pour exprimer toute l’inconséquence et la violence cachée de la grande distribution. Ensuite c’est une écriture que j’ai continué d’explorer, qui correspond à ma manière de ressentir les choses par le corps et de les exprimer en retour. »
Selon vous, dans quelle mesure la photographie permet-elle de faire passer un message ?
« Plus que porter un message, je dirais que la photographie peut questionner. Elle ne doit pas être univoque, réductrice, il faut essayer de transmettre toutes la complexité des sujets. L’enjeu, il me semble, est d’être à la fois clair, si on veut faire passer une idée, tout en gardant une part de l’image à décoder. Mes images sont construites par des éléments symboliques, familiers, qui créent du langage, mais que j’essaie d’utiliser de manière inattendu. »
Quels photographes vous inspirent ?
« J’aime les expérimentations d’Hicham Benohoud, les trop rares images de Lucien Pelen, le duo artistique Synchrodogs, les premiers travaux de Thierry Fontaine, Rip Hopkins, notamment ses photographies réalisés au Musée de la Préhistoire de l’Ile de France, les jeux visuels de Chema Madoze, les photographies d’Erwin Wurm… »
Quelles photos aimeriez-vous voir en tant que jury au concours Environnement ?
« Des images qui donnent à réfléchir, qui sensibilisent, qui fassent réagir et agir. »
Quelles sont vos actualités dans les prochains mois ?
« Outre l’exposition lors du festival Photaumnales de Diaphane, dont je suis ravi qu’il questionne cette année la thématique de l’environnement, je suis invité par Manifesto à exposer à la médiathèque de Tournefeuille à côté de Toulouse. Et vendredi 5 juillet à 18h je présente mon travail à l’ENSP d’Arles en tant que candidat retenu pour la session 5 du prix Mentor, à mon tour d’être face à un jury ! »