«Je ne cherche pas la photo, c’est davantage elle qui s’impose à moi »

par Wipplay
© Neyrac

Chez Wipplay, nous aimons valoriser le travail de nos membres. A l’occasion du vernissage de sa dernière exposition (« Que d’Eau ! », proposée à la mairie de Lyon 6 au mois de novembre), nous avons ainsi échangé avec Georges Peillon Neyrac (alias Neyrac tout court sur Wipplay) depuis sa contrée lyonnaise.

Commençons par votre parcours : d’où venez-vous et où êtes-vous basé actuellement ? Et, comment débute votre passion pour la photographie ?

Je suis originaire de Saint-Etienne dans la Loire. J’habite désormais dans le sud de la France, à Sanary-sur-mer. J’ai effectué vingt-six années au service du ministère des Armées, en tant qu’officier supérieur. J’étais chargé de la communication et des relations avec la presse ce qui m’a conduit à servir dans des pays en guerre comme l’Afghanistan, la Bosnie, le Kosovo ou la Cote d’Ivoire. En parallèle, j’avais été formé à l’université Paris II, en communication audiovisuelle ce qui m’a conduit à réaliser une quarantaine de documentaires historiques et des vidéos de formation.

Ma passion pour la photographie a commencé assez jeune puisque mon père, dans les années 50, faisait déjà de la photographie avec un appareil Lumière à soufflet. Il avait d’ailleurs de très beaux albums photos puisque, lui aussi militaire, il avait servi en Indochine et en Algérie et il avait scrupuleusement construit ces albums à partir de ses photos prises en opérations. Je passais des heures à parcourir ces photos. Pour ma communion solennelle, il m’avait offert un petit appareil Kodak instamatic. J’ai donc toujours été « confronté » aux images fixes, puis plus tard animées. Ainsi j’ai commencé à m’intéresser aux grands photographes du 20ème siècle, les reporters de guerre, les photographes de rues…

Travaillez-vous sur des projets en ce moment ? Si oui, lesquels ?

Je n’ai pas de projets en cours et j’en ai des centaines ! Ce que je veux dire, c’est que j’ai du mal à me concentrer exclusivement sur une thématique. Je crois à la richesse de la situation, de l’environnement. Je ne cherche pas la photo, c’est davantage elle qui s’impose à moi. Néanmoins, la photo de rue me passionne, c’est un univers vibrant, chaleureux, éprouvant, coloré… Tout bouge tout le temps et la rue est extrêmement riche visuellement. C’est aussi pour cela que je suis très méfiant sur les photographes artistiques qui poursuivent des « projets » graphiques. Je crois qu’ils s’enferment surtout dans une logique.

© Neyrac

Quelle est votre méthode de travail ?

Je n’ai pas de méthode de travail. Je pars me promener en flânant avec l’appareil photo, sur un marché, une gare, un port. Ce sont les situations que je vois qui m’interpellent et qui me poussent à photographier. J’aime bien, comme tout bon photographe, les situations contradictoires, complexes, colorées même si je fais beaucoup de noir et blanc aussi. Mais surtout ce sont les personnes qui m’intéressent dans leurs attitudes, leurs postures. Comme l’écrivait le poète latin Térence, « rien de ce qui humain ne m’est indifférent ». C’est un peu ma devise.

En termes de rendu photographique, recherchez-vous quelque chose de particulier ? Pouvez-vous nous livrer des secrets de fabrication/astuces ?

Je n’ai aucun secret de fabrication ! Très sérieusement, il me semble qu’il est absolument indispensable de travailler l’oeil photographique. C’est déterminant. Savoir déterminer une situation, un ensemble, un détail, savoir cadrer un personnage. Et pour cela, il convient de se nourrir en permanence de photographies, revoir le travail de Cartier-Bresson, de Elliott Erwitt, de Viviane Mayer, de James Nachtwey, de Doisneau et j’en oublie bien entendu. J’ai toujours l’impression qu’une photographie comporte toutes les autres photos réalisées avant elle. C’est pour cela que la photographie est un art.

Que vouliez-vous raconter avec votre exposition « QUE D’EAU » ? Comment l’avez-vous conçue ?

Cette exposition est venue un peu d’elle même. Après l’exposition de juin 2024 « Lyon Solitudes« , exposition plus dure, sans doute aussi plus angoissante, j’avais envie de montrer quelque chose de plus léger, en couleur, sur le thème de l’eau. Ce thème s’est imposé de lui-même puisque cela correspondait à mon départ de Lyon pour Sanary. Sur la cote, l’eau est omniprésente et par extension, il me semblait intéressant de travailler sur les couleurs et les formes de l’eau.

Dernière question : parmi tous les talentueux utilisateurs Wipplay, est-ce qu’il y a un (ou plusieurs) compte (s) dont vous appréciez particulièrement le travail, et que vous conseilleriez ?

J’aime bien Hurtebise et ses photos de New-York, ville photogénique par excellence ou Séverine Wolff.

  • ©Hurtebise
  • ©Hurtebise
  • ©Hurtebise

Merci à Georges pour nous avoir accordé de son temps !

Vous avez une actu photo, faites-le nous savoir ? Il suffit de nous glisser un  mot à contact@wipplay.com…