La 9ème édition du Bucharest Photofest organisée du 11 au 20 octobre dans la capitale roumaine met à l’honneur le thème de la Résilience. Pour l’occasion, Wipplay s’est à nouveau associé au festival pour mobiliser vos talents via un concours évoquant la force, la vulnérabilité, l’espoir… Aurélien Delafond, alias l’Oré des bois, a conquis le jury avec sa photo “Coincé à Bahreïn”. Il nous plonge dans les dessous de sa passion pour la photographie.
Commençons par votre parcours : d’où venez-vous et où êtes-vous basé actuellement ? Et, comment débute votre passion pour la photographie ?
Normand de naissance, je suis sur Lille depuis une dizaine d’années.
La photographie est venue naturellement à moi, c’est une histoire de famille et de passion. Des lointains souvenirs de séances de projections de diapos chez mes grands-parents. Mon père, avec son appareil autour du cou continuellement, qui me lègue un boîtier argentique à 14 ans. L’apprentissage du labo dans la salle de bain. Les photos des copains aux collèges, des cousins, les balades… La passion était née, naturellement.
Travaillez-vous sur des projets en ce moment ? Si oui, lesquels ?
Après une résidence, initiée par l’association Destin Sensible et la ville de Mons en Baroeul, autour des compétitions sportives, je me lance dans un projet d’archivage et de valorisation de photos et diapos de famille. J’aimerais laisser une trace de ce patrimoine.
Au niveau de la prise de vue, le troquet au bout de ma rue, me fait les yeux doux ! C’est un lieu atypique et hors du temps. Avec une clientèle à son image… J’ai également un projet de commande sur un quartier de ma ville. Ses espaces urbains, son architecture, ses habitants. Mais il y a surtout « les séries d’une vie », que j’alimente au quotidien, dans la rue, dans mes déplacements, au travail, en famille…
Quelle est votre méthode de travail ?
J’aime errer boîtier à la main, m’imprégner de l’esprit d’un lieu, d’un événement, d’une situation. En mode chasseur / cueilleur. Débusquer la beauté, la simplicité, l’ironie d’une réalité souvent trouble et complexe. Je m’efforce de traiter chaque sujet avec la même importance, la même attention, la même distance.
Mon pseudo « l’oré(e) des bois » n’est pas anodin à mon approche de la photographie. Faire un pas de côté, regarder à la « lisière », pour observer les choses sous un angle différent. Les inclure dans un environnement plus large. Un monde global, où nous sommes tous, malgré nous, les comédiens d’une pièce improvisée.
En termes de rendu photographique, recherchez-vous quelque chose de particulier ? Pouvez-vous nous livrer des secrets de fabrication/astuces ?
Je recherche une photo qui soit facile à lire, simple et efficace. Une photo qui interpelle, tant sur nos modes de vie que sur nos conditions, avec un peu d’humour, d’ironie, et parfois un peu d’impertinence.
Je pense avoir développé, au fil des années, un certain regard, qui s’accompagne très souvent d’un esthétisme frontal et épuré. Un post traitement légèrement désaturé pour amener un peu de douceur et de poésie.Mon conseil : prendre le temps de faire un pas de côté. Se perdre, pousser des portes, et comprendre ce qui nous anime.
Parlons de la photo qui vous a valu le premier prix du concours « Résilience » : quand et où avez-vous pris ce cliché ? Racontez-nous le contexte.
Cette photo a été prise en 2021, sur l’archipel du Bahreïn dans le golfe Persique.
J’y étais pour un travail. Technicien vidéo sur le circuit automobile. J’étais à des années lumière des valeurs qui jalonnent mon esprit. Je découvrais un morceau de caillou coincé entre des rêves de diversification économique et une réalité sociale et environnementale bien moins réjouissante.
Tout est une question de parti pris, de cadrage, et de narration. Ici, j’étais sur une plage de pêcheur. Quelques-uns d’entre eux nettoyaient la coque d’un bateau après leur sortie en mer. En voyant la scène se mettre en place, j’ai tout de suite compris qu’il avait de quoi illustrer les enjeux auxquels sont et seront confrontés la population locale. «Coincé comme un Bahreïnite», c’est le nom de ma série effectuée sur mes 2 semaines de présence à Bahreïn.
Dernière question : parmi tous les talentueux utilisateurs Wipplay, est-ce qu’il y a un (ou plusieurs) compte (s) dont vous appréciez particulièrement le travail, et que vous conseilleriez ?
Oui ! il y a du niveau chez les utilisateurs de Wipplay ! Beaucoup de belles choses à voir, avec une palette d’univers très riche et diversifiée.
Mais forcement, je suis plus attentif et sensible à certains regards. Je citerais, entre autres, Morfeuh, JMR, Lecok, Lila Mess, Alexandre Dinaut… L’occasion des les féliciter pour leurs photos !