Patrick Cockpit – photographe au Collège de France et membre du collectif Hans Lucas – travaille sur la représentation photographique de l’attente, du silence et de l’invisible. Adepte des images droites et carrées, il cultive le portrait féministe, punk et décalé.
L’équipe Wipplay est ravie de le compter parmi les membres du jury au concours PHOTO D’IDENTITE. Pour inspirer les participants au concours, nous lui avons posé quelques questions sur ce langage visuel si particulier. Avant même de retranscrire ses réponses, nous vous partageons en préambule la légende (généreuse et éloquente) des images de sa série Photomatons ! qui viennent illustrer cet article :
[Les photos fournies pour établir une pièce d’identité doivent être identiques, récentes (prises il y a moins de six mois) et similaires. Veuillez noter que si les photos ne répondent pas à certaines spécifications, elles seront rejetées et la pièce d’identité ne sera pas délivrée. La photo doit être nette, sans plis ni marques. La photo ne doit pas représenter une surexposition ou une sous-exposition. Il doit être correctement contrasté, du bas du menton jusqu’au sommet du crâne (hors cheveux). La tête doit être nue, sans chapeau, écharpe, bandeau ou autre objet décoratif. La tête doit être droite, le visage face à l’objectif. Le sujet doit fixer l’objectif. Il doit adopter une expression neutre et avoir la bouche fermée. Le visage doit être clair. Les yeux doivent être parfaitement visibles et ouverts. Les photographies d’identité doivent être prises par un professionnel ou en cabine selon un système agréé par le Ministère de l’Intérieur. Après examen de votre dossier, nous avons le regret de vous informer que les photographies prises par Monsieur Patrick Cockpit ne correspondent en aucun cas aux critères normalement requis pour établir une pièce d’identité officielle. Nous vous recommandons de contacter un fournisseur de services plus fiable.]
Quels sont – selon vous – les codes visuels incontournables qui font la particularité d’une photo d’identité?
« La photo d’identité est à mon sens, et avec le nu, l’exemple type de photographie formatée. Dans son approche contemporaine, la photo d’identité est mortellement ennuyeuse et laide. Il est d’ailleurs rigoureusement impossible de sortir du cadre imposé sans se faire impitoyablement rejeter. Ce principe étant posé, et foutu pour foutu, autant en détourner les codes avec une totale indépendance, une totale inventivité, pour mieux s’en moquer, s’en amuser. Avec son carcan bien défini, le photomaton est paradoxalement source de grande liberté. »
Si vous deviez jouer avec ces codes, quels sont ceux que vous pourriez occulter? supprimer ? ajouter ?
« Il suffit de fermer les yeux pour sortir du cadre, de sourire, de se retourner, d’être plusieurs, de mettre une paire de lunettes de travers, de jouer avec ses cheveux… les possibilités sont infinies. C’est rapide, facile et joyeux. Dans ma pratique, j’utilise l’argentique, ce qui apporte d’emblée un autre relief par rapport au rendu vidéo abominable des cabines automatiques modernes. »
Qu’est-ce que ce langage particulier de la photo d’identité apporte aux modèles par rapport à une photo de portrait classique ?
« Le photomaton ne fait pas peur aux modèles. Son côté «pas sérieux» dédramatise le principe du portrait, l’image est plus légère, moins «importante», en quelque sorte. Et c’est grâce à ce léger pas de côté qu’on peut obtenir des portraits à la fois originaux et vrais. Les modèles lâchent prise, osent plus. »
⭐ POUR ALLER PLUS LOIN ⭐
👉 Maintenant à vous de jouer avec les codes de la PHOTO D’IDENTITE. 📸 😉