L’opération EDITER SON REGARD portée conjointement par l’équipe Wipplay et l’imprimerie Escourbiac invitait, entre le 19 mai et le 30 juin dernier, tous les photographes à déposer un dossier de candidature dans le but de réaliser un ouvrage photographique.
En juillet dernier, aux Rencontres d’Arles, le jury s’est réuni pour sélectionner 10 finalistes parmi 120 dossiers reçus (à retrouver ici). Autour de la table étaient présents : John Briens (Imprimerie Escourbiac), Patrick Le Bescont (Éditions Filigranes), Gilles Cargueray (Initial Labo), Ambroise Touvet (Revue EPIC), Maxime Riché (Photographe) et Vincent Jaunet (Wipplay). Après de longs et âpres échanges, ils se sont mis d’accord sur les projets suivants :
* Sarah Seené – Fovea
* Quentin Pinczon du Sel – Détails d’un coucher de soleil
* Philippe Truquin – Seuls sont légers les papillons
* Kévin Dubost – A traversé
* Jean-Claude Delalande – Quotidiens
* Isabelle Scotta – L’archipel / Indoors / Kroaz Anez
* Gérard Staron – Ho(m)mes
* Fred Ucciani – Like Nobody’s watching
* Cédric Roux – Wonderland
* Anna Fouqueré & Anouk Judde Montserrat – Isola
Le 8 septembre dernier se sont déroulés les entretiens avec chacun des finalistes. Un moment important d’un côté pour les candidats qui étaient invités à défendre leur projet et partager leur motivation. De leur côté, les jurés ont pu mettre un visage et une voix sur chacune des propositions. A l’issue de ces échanges, c’est le projet de Cédric Roux – Wonderland qui a été retenu. Retour sur les différentes étapes qui ont conduit les membres du jury à choisir la série de Cédric qui fera l’objet d’un ouvrage photographique ces prochains mois.
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Étape 1 : sélection des 10 projets parmi les 140 présentés !
Les jurés partagent leur expérience
“Concernant ce dernier temps de partage avec les finalistes, c’est toujours très intéressant de rentrer dans l’intimité des auteurs, dans la genèse de leurs projets. Il s’agit de comprendre les intentions fortes des auteurs et ainsi envisager de déployer le projet au-delà de sa première mise en forme. Quelle dynamique passionnante de confronter les points de vue et d’envisager les hypothèses de réalisation d’un futur ouvrage ! Parfois, on découvre un auteur qui assume de n’avoir fait QUE de belles images, qu’il est là justement pour rencontrer un éditeur qui aura la capacité à s’approprier son projet et à lui donner une dimension qu’il peine à imaginer lui-même… Le bonheur de la création- et du travail en équipe.” (John Briens)
« Passer en revue l’ensemble des lauréats a eu comme bénéfices de pouvoir les « comparer » et bien sûr aide à la décision. Dans le cas présent, puisque la finalité est l’impression d’un livre et son édition, les lauréats doivent vraiment venir avec le même objectif (contrairement aux lectures de portfolios).Certains auteurs, peu habitués à l’exercice, souhaitaient être accompagnés dans l’écriture et la maquette. Certains parlaient même se délester de ces 2 parties assez cruciales. » (Ambroise Touvet – Revue EPIC)
“Il a été difficile de se décider après cet après-midi d’échanges. Au-delà des histoires sensibles de certains et de la qualité des dix finalistes qui nous ont surpris parfois (dans le bon sens). Faire un livre, c’est avant tout une aventure, qu’il est important de prendre à bras le corps, en étant motivé, en s’appropriant sa propre histoire et en sachant s’entourer comme il se doit. Malgré tout, dans ces 10 projets – qui mériteraient tous d’être édités – le jury s’est attardé sur trois d’entre eux : Philippe Truquin – Seuls sont légers les papillons ; Cédric Roux – Wonderland ; Anna Fouqueré & Anouk Judde Montserrat – Isola.” (Vincent Jaunet – Wipplay)
Étape 2 : un “Grand Oral” pour les 3 finalistes
Des critères parfois délicats
À ce moment-là, entre en jeu la question de la commercialisation du livre suite à sa fabrication, à quel public s’adresser ? Le sujet doit parler à un maximum de personnes. Pour cette première édition d’Éditer son regard, il était important pour le jury de ne pas se tromper et d’assurer un succès.
A l’aune de ces critères, des interrogations sont apparues, rendant le choix plus complexe encore, dépassant le simple point photographique. Parmi les 3 finalistes, deux “clans” se distinguent. D’un côté, le jury est face à des projets assez personnels qui sont Isola et Seuls sont légers les papillons. De l’autre, il y a Wonderland, un projet beaucoup plus accessible de street photography New-Yorkaise qui saura trouver un public plus large.
Par ailleurs, les membres du jury doivent aussi prendre en compte l’écosystème entourant chaque auteur : son audience, ses réseaux, ses contacts etc… Là encore, deux clans distincts : les auteurs d’Isola et de Seuls sont légers les papillons disposent de réseaux peu développés à ce jour, de l’autre un auteur assez bien suivi et déjà exposé à plusieurs reprises.
Étape 3 : le choix du lauréat
Un travail d’édition où tout reste à construire
L’opération Éditer son regard se doit d’être un cheminement collectif où chacun des jurés doit apporter sa pierre à l’édifice, qu’il s’agisse de l’éditeur ou de l’imprimeur. Des projets comme Isola ou Seuls sont légers les papillons ont semblé très aboutis. Dans les deux cas nous avions à faire à des maquettes abouties, où se trouverait donc le travail d’editing, d’écriture ou encore de point de vue ? Les discussions sur ces deux projets se sont portées plutôt sur la forme (choix du papier, travail sur la couverture) que sur le fond (histoire, graphisme, éditorial), évinçant ainsi tout un travail de conseil et de choix apporté par les jurys.
En revanche pour Wonderland, il y a, à ce jour, tout à définir : point de vue à prendre, discours, editing et forme. C’est donc ce projet qui a été élu pour gagner le premier prix de cet appel à candidature, puisque cette aventure est avant tout collective, où tout est à construire.