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CE QUE LEURS YEUX ONT VU – PAR ALIZÉ LE MAOULT #NOTE_ 14NOV.2016

par
© Dotation Catherine Leroy

Lieu_Musée de la Grande guerre de Meaux
Photographe _Alizé Le Maoult
Projet_Ce que leurs yeux ont vu
Jusqu’au 31 déc. 2016

Musée de la Grande guerre de Meaux © Chantal Nedjib
Musée de la Grande guerre de Meaux © Chantal Nedjib

Des sons d’obus avant d’entrer au Musée de la Grande Guerre, à Meaux.
Tout de suite dans l’ambiance du vernissage de l’exposition « Ce que leurs yeux ont vu ».

>> « Hommage à la génération Sarajevo » :
mettre en regard des portraits de photographes & leurs images

Regards croisés. Alizé Le Maoult réalise les portraits de grands reporters – présentés à côté d’une image choisie par eux. Une obsession de rendre hommage à ceux qui témoignent sans relâche pour nous dire « On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas ».

Les portraits sont pris sur le lieu du rendez-vous, dos à un mur.
Résonances de tons entre les murs à l’arrière-plan et les images choisies (a posteriori) par les photographes.
Magie de l’instant et des correspondances dans ce monde horriblement violent.

Face aux documents de la Grande Guerre, ces témoignages résonnent.
Je crois entendre hurler ces hommes et ces femmes photographiées par les héros « témoins » d’Alizé.

Alizé Le Maoult & Stanley Greene © Chantal Nedjib

Emouvant de voir les photographes venus commenter leurs images pendant le vernissage. Leurs propos sont inscrits dans les cadres des diptyques exposés. « Alep c’est l’enfer sur terre » nous dit un cartel. Résonance terrible avec les infos de ce matin et les bombardements des hôpitaux.
Je suis impressionnée par l’humilité de ces photographes courageux qui témoignent ce matin-là. Ils jouent le jeu de la photo de groupe. Les visages sont souriants mais graves à la fois. Au centre du groupe, le photographe américain John G Morris.
Etrange de retrouver Stanley Greene vu dans le Marais – galerie Polka – la semaine précédente.

Les photographes - Ce que leurs yeux ont vu © Chantal Nedjib

Soudan, Cachemire, Nigeria, Liban, Vietnam…
John G. Morris, Don McCullin, Edouard Elias, Yan Morvan, Olivier Jobard…
A part Alizé, aucune femme n’est là.
Plusieurs sont pourtant exposées : Françoise Demulder, Bénédicte Kurzen, Véronique de Vigerie et Françoise Demulder, première femme à avoir gagné le prestigieux Prix du World Press en 1977.
Catherine Leroy et Alexandra Boulat – hélas disparues – sont aussi honorées.

* Gary Knight au Cachemire

© Gary Knight VII

Gary Knight est l’un des premiers à avoir soutenu Alizé dans ce projet. Il souligne l’absurdité et les contradictions de certains conflits, notamment au Cachemire :
« Cette image montre des officiers indiens de la patrouille des frontières dans un Shikara qui aurait pu convoyer de jeunes amoureux ou des touristes au marché aux fleurs sur le lac de Dal. »

* Catherine Leroy au sud Vietnam

© Dotation Catherine Leroy

Photographie anonyme de Catherine Leroy, grande photographe, disparue depuis 10 ans et choisie par Alizé car les absents devaient être présents.
Que dire après ses mots sur une image prise au Sud Vietnam en 1967 :
« Non loin de moi, un Marine tombe. Des voix, qui hurlent pour couvrir le bruit infernal des armes atomiques, appellent à l’aide. Un infirmier a pu ramper jusqu’au blessé, dans le vacarme. Il retire son casque, se penche sur lui et cherche à entendre son cœur. Le cœur ne bat plus. Alors l’infirmier reste là perdu dans un paysage de cauchemar. »

* Edouard Elias en Syrie

© Edouard Elias

Cette image d’un combattant blessé de l’armée syrienne libre a été réalisée lors du premier reportage du jeune photographe ; elle lui a permis de se faire connaître au festival « Visa pour l’image » de Perpignan en 2012.

* Véronique de Viguerie au Nigéria

© Véronique de Viguerie/Reportage by Getty Images

Emotion devant ce texte si personnel, qui dégage une force incroyable :
« J’ai pris cette photo deux mois après que mon amoureux ne meurt dans mes bras. J’étais au fond du trou. C’était mon premier reportage après sa disparition. Je me fichais de la mort, je voulais l’approcher au plus près, l’embrasser. Alors avec Manon, la journaliste qui m’accompagnait, on a poussé les limites, on est rentré dans une histoire forte. Ce reportage m’a sauvé, le premier pas vers la vie, je lui dois beaucoup. »

>> Alizé Le Maoult, son hommage aux reporters de guerre

Alizé si frêle mais si forte capte les regards merveilleux de ces hommes et ces femmes qui sont au coeur des conflits contemporains et témoignent en auteurs de ces guerres et de leurs horreurs.
Son travail est une réussite.

À noter :

# Commissaire de l’exposition : Alain Mingam
# Une publication des éditions Photosynthèses accompagne l’exposition
# La collection incroyable de l’historien Jean-Pierre Verney qui a rassemblé pendant 40 ans objets et documents sur la 1ère guerre mondiale.
# Conférence le samedi 19 novembre à 15h sur le thème « Comment photographier la guerre ? » avec Alizé Le Maoult, Dimitri Beck directeur de la photographie au magazine Polka, et Régis Le Sommier (Directeur adjoint de la rédaction Paris Match).
En compagnie de photographes tels que Véronique de Viguerie, Edouard Elias, Stanley Green, Patrick Robert et Arnaud Roiné s’ils ne sont pas sur le front…

© Alizée Le Maoult

Chantal Nedjib