Chaque automne depuis 13 ans, la Maison Rouge met en scène une collection particulière. En ce moment, c’est la collection Arthur Walther qui est à l’honneur. Cet originaire d’Ulm (Allemagne) installé à New York, a constitué une collection centrée sur la figure humaine. Un travail initié au début des années 90 avec la production allemande du début du XXème siècle qui s’est ensuite orienté vers des influences chinoise et africaine.
Confiée au commissaire Simon Njami, l’exposition nous propose de découvrir une imposante collection de plusieurs centaines d’oeuvres. Avant de m’y engager, j’ai parcouru les 22 pages du livret d’exposition (certes, en plusieurs fois) et me suis heurté à une promesse assez complexe : « L’exposition « Après Eden » poursuit un angle d’étude de la collection, axé sur les images sérielles et typologiques par delà les zones géographiques et les époques… » Pas simple comme mise en bouche. Pour vous public, j’ai chaussé mes baskets et me suis rendu sur place, pour tenter de comprendre ces images « sérielles » et « typologiques » !
Aux origines de la collection Walther
En poussant la porte de l’exposition, on se retrouve face à l’immense accrochage de Karl Blossfeldt. Une sorte d’herbier géant constitué par les premières acquisitions de Walther. On comprend d’emblée l’importance de la « série photographique ». Cette entrée en matière précède les oeuvres de Bernd et Hilla Becher, des images industrielles – symétriques, répétées, composées – qui offrent une forme artistique à ces infrastructures froides et sombres.
Ces deux premières séries constituent les fondements de la collection. Regroupées sous le titre « Les Origines », ce beau départ laissait présager une plongée dans un univers passionnant. La suite de l’exposition invite le spectateur à déambuler à travers 8 « fictions » renfermant chacune leurs trésors.
Visions d’Afrique…
La première « fiction » s’ouvre sur des paysages d’Afrique. D’entrée, je tombe amoureux des photos de David Goldbatt et de Jo Ractliffe. On y découvre des paysages africains marqués par les conflits. C’est vide, c’est beau, c’est brut. On oublie vite le texte pour lui préférer l’image.
Ces photographies africaines sont un cadeau comme on en voit trop peu. Et encore, je ne suis pas au bout de mes (heureuses) surprises. Dans la seconde fiction, les images questionnent l’identité. Les enfants soldats de Guy Tillim nous glacent, nous donnent l’impression de vouloir raconter ce qu’ils ont vécu. Poignant.
Le masque par les images
Au fil des « fictions », le rythme des images s’accélère, vous accroche le regard et vous donne envie frénétiquement de passer d’une salle à une autre pour en découvrir davantage. Les fictions s’enchainent : la ville, le roman, le corps, le masque… Ah le masque ! Quelle claque ! Je suis resté scotché par les images de Seydou Keita qui racontent le Mali des 50’s.
La masse d’images accrochées est telle que l’on a peur de ne pouvoir tout voir. Je me dépêche pour ne rien manquer. À l’étage inférieur, une salle présente un accrochage magique : « Fiction 7, les autres ». Il s’agit de représentations anthropologiques détournées par les photographes émergents africains. Mélanges de photographies modernes mêlées aux cartes postales d’époque. Magnifique.
Le chemin se termine par un univers plus sombre : les séries de Daido Moriyama et Nabuyoshi Akari. Des images qui vous érotisent, vous plongent dans l’intime. À mes yeux, le coeur du trésor proposé par cette exposition.
Une exposition très généreuse !
Arrivé au bout du périple proposé par Simon Njami, j’ai immédiatement rebroussé chemin pour revivre l’exposition, à contre sens. Il vous faut absolument la découvrir. Elle se vit facilement, donne l’envie d’en voir plus. Les images sont accrochées par centaines, et très bien renseignées. L’exposition propose énormément, à vous de disposer ! Le petit journal de l’exposition (offert avec l’entrée) vous livrera tous les détails.
Après Eden, La collection Walter
La Maison Rouge – Jusqu’au 17 janvier 2016
Entrée 9€
Pour le prochain billet, je partagerai ma rencontre avec Corine Mercadier !