Cette semaine, Wipplay vous invite à découvrir les coulisses de LA PARADE, une websérie réalisée par SAMUEL BOLLENDORFF (pour les images) et MEHDI AHOUDIG (pour le son des images).
Il est 6 heures du matin ce dimanche 12 juillet lorsque nous rencontrons Samuel et Mehdi dans le hall d’un hôtel, à Douai. L’occasion d’échanger les premiers mots autour d’un café pour se réveiller et comprendre comment est née LA PARADE, un conte documentaire qui explore les joyeuses cultures du Nord.
Samuel et Mehdi se connaissent bien. Ils ont déjà réalisé À L’ABRI DE RIEN, un web-doc sur le mal-logement en France. Partis à la rencontre de ces personnes en pleine galère, ils ont notamment échangé avec Yannick qui aura cette phrase terrible : « Aujourd’hui je vois à long terme, mais moins loin qu’avant… »
Avec LA PARADE, Samuel et Mehdi sont partis rencontrer des gens capables de voir loin, très loin malgré un environnement pas toujours heureux. La tonalité du documentaire est tout sauf larmoyante. « On ne voulait pas faire dans le pathos, ça nous emmerdait. » confie Mehdi. Leur idée ? Explorer la poésie des cultures populaires : concours de fanfares, dressage de pigeons, combat de coq, défilé de majorettes… Il s’agit de raconter un univers fantastique pourtant bien ancré dans le réel.
Mehdi et Samuel vont à Oignies, Courrières, Saint Quentin, Béthune… Partout, ils poursuivent les passionnés du Nord. Ce jour-là, nous sommes à Douai à l’occasion des Fêtes de Gayant. Là-bas, une communauté de porteurs fait défiler une famille de géants : Monsieur Gayant, Madame Gayant et leurs trois enfants (Jacquot, Fillon et Binbin).
DOUAI ET LA MAISON DES GÉANTS
Samuel et Mehdi ont rendez-vous à 7 heures devant la maison des géants. Il s’agit de ne pas manquer l’ouverture de la porte monumentale. Ils ont bouclé le montage du prochain épisode de LA PARADE à 2 heures du matin. L’attente commence à peser sur les paupières. Pour l’instant, la rue est déserte. Les porteurs de géants se sont peut-être couchés tard également.
Les porteurs finissent par arriver au compte-gouttes. Père, fils, frères, cousins… Deux familles principales se partagent la responsabilité de porter les Gayant. L’ambiance de fête se fait sentir, les porteurs se charrient gentiment. Samuel installe son trépied face à la maison des géants, Mehdi teste ses micros et son enregistreur. Les compères partagent leurs premières impressions : « T’as vu le chef des porteurs ? Il est classe avec son haut-de-forme » « Yes. Je viens de le prendre quand il sortait de sa merco ».
Samuel shoot, filme. Mehdi se faufile, enregistre. Il a placé des micros à l’intérieur de Madame Gayant. « Quand les porteurs vont la soulever, ça va faire un bruit dingue. » Les premiers badauds arrivent. Samuel veille à préserver le champ face à la maison des géants.
LE GRAND DÉPART
En posant ses micros, Mehdi a brisé son portable. Difficile d’anticiper les mouvements de porteurs qui s’agitent dans tous les sens. L’un d’entre eux échange avec Samuel : « Rue de la mairie, il y a des pavés. Ça devrait bien chahuter. » Samuel le sait. Il a repéré tout le parcours lors des semaines passées. La logistique est verrouillée. Il n’y a plus qu’à observer les choses tant attendues et à se rendre disponible pour capter l’imprévu.
Les géants ne vont plus tarder. Mehdi les suivra jusqu’à la mairie. Ils remonteront sur la Place d’Armes avant de tourner rue Gambetta. Les porteurs s’arrêteront régulièrement pour pouvoir récupérer. L’arrivée à l’Hôtel de Ville est prévue à midi. Samuel vient de partir pour s’y installer.
LA PLANQUE DE L’HÔTEL DE VILLE
À son arrivée à l’Hôtel de Ville, Samuel est accueilli dans la cour par une employée de mairie. Il s’agit de récupérer des clés pour s’installer. Au même moment, Monsieur Le Maire traverse la cour. On se salue. Dans quelques heures, l’élu fera un discours dans la grande salle de réception pour féliciter les porteurs des géants.
Samuel s’installe dans le bureau des services généraux. Il retrouve la fenêtre choisie. On écarte les dossiers, on déplace l’imprimante. Dehors, la cour reste déserte. Avec le beffroi en arrière-plan, ce sera parfait. Le carillon rythme la matinée, il est déjà dix heures.
Dans la rue, un vendeur a installé son stand de kermesse. Des ballons accrochés à son échoppe flottent doucement au vent, un prétexte idéal pour déclencher la vidéo. « Au montage, j’intègrerai le mouvement des ballons avec l’arrivée des géants. Ça me fera une belle transition après le défilé. »
Plus tard, d’autres journalistes arrivent dans la salle, relégués vers d’autres fenêtres offrant des angles moins confortables. Être présent le premier fait aussi partie du métier.
LA DANSE DES GÉANTS
Dans la cour, la foule s’est massée autour des géants. Mehdi a rejoint Samuel. Il raconte la cérémonie des médailles et les premiers enregistrements : « Quand les porteurs se mettent à soulever Madame Gayant, tu entends les épaules soulever l’osier. C’est dingue. J’aimerais juste que le tambour s’arrête deux minutes pour isoler le son. »
Dehors, toute la famille Gayant est là. Monsieur Gayant et Madame Gayant dansent joyeusement à côté de leurs 3 enfants : Jacquot, Fillon et Binbin. Chaque géant a sa légende. Dans la cour, des parents portent leurs enfants sur les épaules pour qu’ils arrivent à hauteur du petit Binbin. Grâce à son pouvoir légendaire, il empêche de loucher les enfants qui lui touchent le nez.
Samuel et Mehdi commencent, eux, à tourner de l’œil. Le manque de sommeil se fait sentir. Ils vont bientôt rentrer à l’hôtel se reposer avant de réaliser le montage de toute cette matière nouvelle. Le dernier épisode de LA PARADE fera encore une belle histoire. Une histoire merveilleuse vécue par des porteurs passionnés qui ont tous en commun de continuer à voir très loin.
Voir l’épisode #10 « LE VOYAGE » sur :