Le concours VISIONS MÉDITERRANÉENNES ferme le 19 avril prochain. Pour rappel, les lauréats du jury seront exposés au festival PHOTOMED 2015 de Sanary-Sur-Mer qui se déroulera du 28 mai au 21 juin prochain. La programmation de ce festival est d’une richesse rare. L’occasion de parcourir trois des projets sélectionnés pour cet excellent cru 2015.
Randa Mirza : « La grotte aux pigeons »
Espace public, sauvage et citadin à la fois, Dalieh est une péninsule de Beyrouth; un lieu dérobé au temps, en retrait du bruit et de la frénésie urbaine. Au milieu des eaux se dresse « la grotte aux pigeons », un rocher annexé à la ville et creusé en arche par la mer. On raconte qu’en haut de ces falaises, les Phéniciens élevaient des pigeons-voyageurs, les chargeant de messages pour les autres villes. Parmi les différents visiteurs du lieu, une communauté de baigneurs, composée essentiellement d’hommes, s’y retrouve pour se livrer à un passe-temps où prouesse rivalise avec exhibitionnisme.
Entre ciel et mer, des hommes plongent dans la conscience aigue du spectacle. Enfants, adolescents et adultes se donnent aux hauteurs, étirent leurs corps dans la grâce et l’apesanteur. Même si aujourd’hui le caractère ouvert et public de ce lieu est menacé par l’alliance des puissances financières et étatiques, Dalieh se trouve au coeur d’une polémique et constitue l’enjeu d’un combat entre la société civile et les intérêts privés. Le lie » résiste et persiste.
Alessandro Puccinelli : « J’ai parcouru les 7 Mers et je suis toujours vivant »
Selon l’observatoire italien Goleta-Vert, en 2014, dans chaque kilomètre carré de mer il y a, en moyenne, 27 morceaux de déchets, dont 90% sont en plastique. Cela a des conséquences catastrophiques sur l’environnement et sur la vie marine, sans parler de l’impact des micro plastiques entrant dans la chaîne alimentaire. De ce constat est né le projet « J’ai parcouru les 7 Mers et je suis toujours vivant », qui sensibilise sur les détritus laissés par les générations successives, chacune d’elle générant des types de déchets différents.
Certains de ces objets deviennent des pièces de collection, choyées, gardées comme souvenirs d’une époque tandis que d’autres sont tout simplement jetés, détruits et pour le plastique, simplement abandonnées dans la mer.
Angelo Antolino : « Femmes de la Camorra »
En mars 2007, après trois ans de surveillance, la Direction du District du corps Anti-Mafia de Naples a commencé l’opération “Piazza pulita” (propre et dépoussiérée) dans le but de briser les clans Giuliano et Mazzarella. Ces derniers étaient à la tête du cartel de la drogue, en jargon “les places publiques” dans l’ancien centre de Naples. Le 19 mars à l’aube, des milliers d’officiers de police ont pénétré le sombre labyrinthe des rues étroites de la vieille cité gréco-romaine et ont arrêté 200 personnes, dont 28 femmes. Dans un seul bloc, celui de Vico de Maiorani, les hommes de la plupart des familles qui y vivaient, furent arrêtés. Pendant plus d’une année, seules les femmes furent laissées libres et durent subvenir aux besoins de familles entières.
Elles ont dû réorganiser complètement leur existence et celle de leurs proches. De graves accusations planaient sur leurs partenaires, telles que vente de substances illégales et mafia. Tout porte à penser qu’ils seront condamnés à passer de nombreuses années en prison. Le projet photographique était de montrer un angle tout particulier de la “Camorra”. De la voir, non pas sous l’angle de vengeances sanglantes et d’homicides brutaux, mais du point de vue des femmes, de montrer leurs vies éloignées et, en même temps, parallèles à celles des autres femmes de la ville.
☞ Voir aussi l’article « Un nouveau concours Méditerranée »