Dans la nuit du 3 décembre 1984, un réservoir de l’usine de pesticides américaine Union Carbide explose. 40 tonnes de poison vont se répandre dans l’air et dans l’eau. Le nuage toxique fera, officiellement, 3500 morts, mais les associations de victimes parlent de 25 000 morts, et plus de 100 000 personnes exposées à l’époque seraient encore malades.
Isabeau de Rouffignac a photographié des femmes exposées à cette exposition et dont les conséquences sont encore visibles…
« Elles ont accepté mon idée que Bhopal leur colle encore un peu plus à la peau : les faire poser dans ces saris imprimés racontant cette nuit de décembre 1984. Elles s’en sont drapées, inlassables combattantes. J’ai photographié la ville, l’intérieur des maisons où la vie continue, les cliniques où l’on tente de réparer ce qui peut l’être, j’ai entendu des cris de colère et des silences résignés. »
Mahendra Soni – 48 ans. Cette nuit-là, Ratna sa sœur a pensé que les brûlures qu’elles ressentaient toutes les deux étaient dues à des gaz lacrymogènes utilisés dans le cadre d’une intervention policière. Elle est asthmatique et souffre de problèmes rénaux. Mahendra travaille à la clinique Sambhavna en tant que laborantine. Aucune compensation financière perçue.
Dalima Ram – 53 ans. Enceinte de 7 mois, elle a perdu son enfant dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984 alors qu’elle courait pour échapper au nuage de gaz. Elle perd aujourd’hui peu à peu la vue, souffre de toux chronique et est asthmatique. Elle participe chaque année aux marches organisées en mémoire de la catastrophe. Compensation financière perçue : 2 x 25 000 roupies (2 x 310 euros).
Shreemati – 50 ans. La nuit de la catastrophe, au lieu de fuir, elle est restée chez elle, s’est cachée sous son lit et s’est couvert le visage d’une couverture. Elle est devenue aveugle pendant quelques jours et eut de grandes difficultés à respirer. Son père, asthmatique, est mort en 2014. Elle a été contaminée par de l’eau polluée qu’elle a bue pendant plus de 12 ans. Aucune compensation financière perçue.