MARION HISLEN / FESTIVAL CIRCULATION(S) : LA « FAISEUSE » DE BONNE AVENTURE !

Quelques jours avant l’ouverture du festival Circulation(s), Wipplay rencontrait Marion Hislen, la directrice de l’évènement. L’occasion de se plonger dans l’organisation concrète d’un festival qui expose le meilleur de la photographie européenne.

Pour son édition 2016, Circulation(s) occupe à nouveau le CENTQUATRE, dans le cœur du 19ème arrondissement parisien. Le lieu se trouve à deux pas des Orgues des Flandres, un ensemble architectural photographié par Laurent Kronental. Cette image appartient d’ailleurs à la série Souvenir d’un Futur exposée au festival.

Des « faiseurs » de bonne aventure

Dans la grande halle, certaines séries sont déjà accrochées. On en profite pour découvrir les affiches électorales de Mark Duffy et les natures mortes en toile cirée de Vilma Pimenoff. Ces installations déjà prêtes contrastent avec le chantier alentour. À côté de nous, les menuisiers s’affairent à la découpe des stands destinés au jeune public du Little Circulation(s).

La discussion avec Marion se fera en tendant l’oreille, pour couvrir le sifflement des perceuses. Pendant notre entretien, elle interpelle sans cesse son équipe : « Marie mesure ce mur et prends la scéno de Marion Poussier. Il faut commencer à tracer les lignes… droites s’il te plait. » Dans le vaste chantier qui occupe la future librairie, elle s’adresse aux bénévoles sur le point d’achever le mobilier : « Vous êtes sûres les filles pour le marteau ? C’était pas mieux la perceuse ? On va encore mettre 10 ans pour enlever les clous. »

Marion nous présente la véritable ruche qui s’agite sous nos yeux : « Lui, c’est un bénévole. Lui, c’est un copain de ma sœur. Lui, je ne sais plus qui il est… (sourires) mais il travaille bien. Elle, bossait avec nous l’an dernier… Comme elle s’ennuyait dans son boulot, elle m’a demandé de revenir avec nous. » Au total, ce sont 37 bénévoles qui façonnent le festival chaque année. « On est des faiseurs. On évite de se poser trop de questions, sinon tu ne fais rien. »

Paradoxalement – sur le chantier – les questions fusent. Mais il ne s’agit pas vraiment de questions existentielles : « Marion, le chariot on le met où ? Marion, tout le bois qu’on a mis dans le sas, on va pas le jeter ? » – « Laisse-le par là. On va peut-être en avoir besoin pour les pieds de la table. »

« Et on accroche droit s’il vous plait ! Droit ! »

Nous déambulons parmi les salles du festival. C’est Marion qui conçoit le parcours des visiteurs en s’appuyant sur la structure du CENTQUATRE, une grande halle flanquée d’espaces fermés. Une fois sélectionnés, les artistes doivent proposer leur scénographie. Charge à Marion de valider ou de réclamer des modifications. « Aujourd’hui, nous préparons les dos bleus et disposons les œuvres devant leur emplacement. La plupart seront accrochées le dernier week-end avant l’ouverture. Aujourd’hui, certains photographes sont déjà sur place pour bosser. »

Dans le couloir qui fait la jonction entre deux salles d’exposition, nous croisons Lily Lulay qui accroche ses cadres avec l’aide des bénévoles de Circulation(s). Marion jette un œil sur la pointe des pieds : « C’est génial de la voir exposée cette série. L’accrochage est à combien ? 1,70m ? » – « Oui. Je suis désolée, je l’ai mise un peu haut » s’excuse Lily sur un ton rieur. Tout le monde se marre. « T’es pas sympa ! » répond Marion, rigolarde. En quittant le couloir, elle échappera un ultime : « Et on accroche droit s’il vous plait les filles ! Droit ! »

Dans l’autre pièce, nous croisons Julien Lombardi qui accroche sa série « Inachevé ». Toujours moqueuse, Marion nous présente le photographe : « Alors là, y’a Julien qui est en pleine réflexion parce qu’il a fait une scéno hyper compliquée. Il se dit que ça marche pas, mais qu’il va y arriver grâce à son super petit schéma ! » En s’approchant de sa scénographie, on découvre le casse-tête de ces miniatures placées sur une feuille A4. Il lui faut désormais disposer l’ensemble sur une immense paroi. Pas simple.